Ce mercredi 1er Mai 2019, j’avais décidé d’aller faire un tour du coté de la Bastille de Grenoble et plus précisément à la croix de Quinsonnas, où je n’avais pas remis les pieds depuis le 22 Février dernier.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore ce lieu je vous laisse aller lire ce billet.
J’étais bien loin d’imaginer ce qui allait m’attendre là haut…
Mais commençons par quelques précisions qui vont vous éclairer sur la suite de cette histoire :
J’ai découvert cette croix un 19 Janvier 2017 lors d’une belle journée d’hiver glaciale en suivant des pas dans la neige laissés par deux randonneurs.
Très attaché à ce lieu hors sentier, dont la vue est imprenable et où il y règne une atmosphère particulière de sérénité et de paix, je decidais le 19 Novembre 2017 d’y installer un premier cahier afin que chacun puisse ici laisser une trace de son passage, et ou, exprimer son ressenti sur ce lieu.
Ce cahier, après avoir bien souffert de la rudesse du climat, finit par se dégrader et disparaitre à jamais . Heureusement, j’avais pu en faire « une dernière sauvegarde photo » le 02 Avril 2018 🙁
Cahier remplacé le 26 Décembre 2018 par un nouveau plus résistant.
Maintenant revenons sur cette sortie du 1er Mai dernier.
En arrivant à la Bastille, le ciel m’offrait deja un beau spectacle
Et dans la montée au Jalla le soleil commençait à faire son apparition. La croix était alors en vue.
9h15, me voici enfin arrivé! Le cahier est bien là. Je vais pouvoir prendre le temps de lire tout les beaux nouveaux messages déposés depuis Février date de ma dernière montée.
Que de belles choses! C’est toujours un honneur de voir les petites dédicaces qui me sont faites d’amis de course ou d’ailleurs, qui eux aussi ont plaisir à venir et prendre le temps de laisser un mot, un dessin.. dans ce lieu hors du commun.
Tous ont eu la curiosité de venir découvrir cet endroit, tous ont pris le temps de chercher la cache du cahier…Certain ont même du revenir plusieurs fois pour la trouver. Le lien qui nous uni tous ici, reste le plaisir d’être en harmonie avec la nature, de savoir prendre le temps de se poser un moment pour profiter du paysage, et d’être capable d’arrêter le chrono de sa montre quelques minutes pour oublier un temps ses performances personnelles.
J’ai bizarrement beaucoup trainer. Presque 3/4 heure. J’ai profité du soleil et par là même, fait sécher la poche plastique qui protège le cahier.
Après avoir écrit un petit mot, alors que je remettais le cahier dans sa poche et m’apprêtais à partir, j’entendis une voix s’adresser à moi :
« Il est où le cahier? Il est où le cahier? »
Une femme d’un certain age s’avance alors vers moi.
« Il est là! » lui dis je.
« je vais le remettre à sa place »
« Ah! » me dit elle, « je suis rassurée, j’ai cru qu’il avait disparu!
« vous savez, il y avait un autre cahier avant celui là »?
« Oui…. » lui répondis je, sans qu’elle me laisse le temps d’expliquer que j’en était l’initiateur, elle continue alors :
« C’est moi qui l’ai récupéré! »!
Moi :
Elle : « Il était très abimé, alors je l’avais fait sécher feuille par feuille »
« Mais madame, vous savez que c’est moi qui est mis ce cahier en place, je pensais que quelqu’un l’avais mis à la poubelle, l’ayant emballé dans un Buff pour le protéger un peu, j’imaginais qu’il avait été pris pour un sac d’ordure! »
« C’est dingue ça alors! » me dit elle. « Il faut que je vous le rend alors! Le buff, je l’ai aussi, je l’ai lavé il est tout propre. »
« Non, ça n’a pas d’importance, il est mieux chez vous qu’ici. L’important pour moi c’est de savoir qu’il existe toujours! C’est quand même bizarre cette histoire de se retrouver là tous les deux, moi qui ne viens que très rarement dans le coin, et j’aurai du partir depuis un petit moment.. A croire que je vous attendais »
« Oui, en effet! » me répond elle. » Moi, je n’avais pas prévu de venir à la croix ce matin, mais comme j’étais pas loin je me suis dit, je vais aller mettre un petit mot dans le cahier! Cette croix elle est chargée d’énergie positive! Il y a quelque chose de spécial ici! » me dit elle en prenant la croix à pleine mains.
« Je pense comme vous, vous savez. Quand j’ai découvert cette croix pour la première fois, je suis resté en admiration. J’étais fasciné par l’endroit. »
Elle me répond alors : « Oui, un jour avec mon ami on a vu un coureur qui découvrait la croix pour la première fois, il avait la banane, il etait content, mais content de l’avoir trouvée. C’etait un jour d’hiver il y avait beaucoup de neige, il nous avait vu depuis le mont Jalla. Il avait des trucs sous les baskets pour marcher dans la neige. »
« Mais….Mais c’etait moi ça!!! vous étiez pas tous les deux assis en contre bas de la croix? J’avais pu trouver la croix grâce a vos pas laissés dans la neige. »
« Oui, c’est ça on été assis à cet endroit »
« Mais c’est fou cette histoire!! Non seulement c’est vous qui avez mon cahier, mais c’est grâce à vous que j’ai découvert cette croix! »
Je cherche alors sur mon portable le billet que j’avais fait sur cette sortie pour retrouver la date et nous regardons ensemble les photos.
« Ah , je suis trop contente de cette rencontre, dire que je ne devais pas venir ici aujourd’hui.. Je m’appelle Lili. Vous savez, j’ai 73 ans. »
« Lili, je peux vous prendre en photo? Je ne peux pas laisser passer ça!! »
« Oui mais alors je met mes lunettes, j’aime pas trop ça … »
Cette rencontre viens confirmer ce que je pensais depuis longtemps.. Les personnes que l’on croise dans notre vie ne sont pas le fruit du hasard. C’est difficile à expliquer mais toutes ces personnes sont en lien avec nous. Elles entrent dans notre vie à un moment donné et nous marquent quelque part pour toujours. Que ce soit au travail, dans les loisirs, ou ailleurs, les gens avec qui l’on échange, ont tous quelque chose à nous transmettre.
Il y avait bien peu de chance que cette rencontre ai lieu… C’etait certainement écrit quelque part.
Pour finir cette histoire que vous trouverez peut être bien banale et sans intérêt, je voulais rajouter que j’ai pris beaucoup de plaisir dans ma descente sur Grenoble, le cœur rempli d’émotions, après ce moment improbable hors du temps, avec dans les oreilles une certaine musique brésilienne dénichée (peu avant cette histoire) sur le net « par hasard » et que j’écoute en boucle depuis 5 jours.
« Deixa, deixa, deixa eu dizer o que penso dessa vida… »
« Laissez, laissez, laissez moi vous dire ce que je pense de cette vie… »
C’est chose faite!
Il y a des moments comme celui là qu’on ne peut expliquer…
A Lili, et à tout ceux qui ont croisés mon chemin un jour et contribués à être ce que je suis aujourd’hui.
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