Courir c’est bon pour la santé et le corps, mais ça n’empêche pas un peu de culture par la même occasion.
Pour ceux qui me connaissent bien, vous savez que j’aime à trouver des traces du passé et comprendre le pourquoi des chemins que j’emprunte.. voila ici encore une belle découverte avec cette sortie à deux pas de mon travail, qui au bout de ses 360m de d+ m’aura fait découvrir l’art de la peinture Dauphinoise.
Me voici donc au départ de St Egrève pour rejoindre Proveysieux superbe village typique de Chartreuse et devenu dans les années 1850 un véritable centre artistique, au même titre que Barbizon en Seine et Marne.
C’est Théodore Ravanat (1812-1883) qui fit un jour la découverte de ce village.
Il à été (tout comme je l’ai aussi été) éblouis par sa beauté, avec son torrent, ses paysages et ses couleurs. Il y acheta une grange et décida d’installer son atelier et d’y accueillir ses élevés. Voici un de ses tableaux peint dans ce cadre idyllique :
Pour ce billet, je voulais à travers mes photos essayer de retranscrire (numériquement) comment ces artistes auraient pu peindre nos paysages en 2015. Je me rends compte que les montagnes n’ont pas trop subit l’effet du temps et qu’elles sont encore a peu de chose prés comme en 1850..
Mais revenons sur cette sortie.
La montée à Proveysieux se mérite, puisque les 360m de dénivelé sont concentrés sur 3km seulement.
Au sortir du bois qui m’éloigne de la ville, C’est le Néron qui m’aura fait sortir « mon chevalet » pour une première toile.
Bien sur je n’ai pas de quoi peindre sur moi..Mais voici comment Ravanat, avec son matériel sur le dos, aurait décrit cette grimpette à son époque : « Après Saint Egrève, on marche vers la Monta et c’est la rude montée, les épaules courbées, le genou fléchi, la respiration forte. Il faut parfois marquer un temps d’arrêt pour reprendre son souffle. Ce n’est qu’après avoir dépassé l’énorme châtaignier, maintes fois torturé par la foudre, qu’on aperçoit, là-bas, le clocher du village…On dépasse les hameaux du Mollard, la Chiaise et enfin voici Proveyzieux perché au dessus de la profonde vallée du torrent la Tenaison. Un bon verre de vin de plaine , bonifié par l’altitude, redonne force et courage... » (extrait de « deux siecles de peinture dauphinoise » de Maurice Wantellet).
Aujourd’hui, je n’ai pas retrouvé trace du châtaignier…Mais j’ai moi aussi marqué quelques pauses. Et en arrivant au village je me suis désaltéré uniquement de l’eau contenue dans ma gourde 🙂
De l’église entouré de son cimetière, je descends pour rejoindre la Tenaison et je pause une nouvelle fois mon chevalet :
Le long de mon parcours je croquerais encore quelques belles anciennes granges qui ont peut être aussi inspirées ces artistes peintres :
Sur le chemin du retour je ne peux m’empêcher d’emporter avec moi ces quelques couleurs d’automne avant qu’elles ne disparaissent dans la froideur de l’hiver…
Heureusement que je ne peints pas…Sinon je serais arrivé en retard au travail 😉
Grâce à Théodore Ravanat, ce village de Proveysieux aura connu ses heures de gloire, puisque toute la bourgeoisie Grenobloise se retrouvait à l’auberge du Grandgouzier, auberge décoré par les artistes et qui en a gardé encore aujourd’hui la trace. C’etait l’endroit à la mode. Peintres, sculpteurs, généraux, avocats venaient ici prendre un bol d’air frais, mais aussi « s’encanailler »…
Entre temps notre peintre aura pris sa retraite et se sera retiré dans sa grange là où il aimait recevoir ses amis et partager avec eux tous les plaisirs d’une journée à la campagne, comme on peut le voir sur cette photo :
Théodore Ravanat partira définitivement le premier jour d’automne 1883 et sera enterré sous une grosse pierre qu’il avait choisi dans le torrent de la Tenaison.. Il repose en paix au cimetière de Proveysieux en accord avec la nature qu’il a tant aimé peindre.
La course à pied à une nouvelle fois réussie à ouvrir mon esprit de curiosité, et m’a emmené bien plus loin que les kilomètres affichés sur le cadran de mon GPS.
Un voyage de 8km et quelques décennies… Dans un lieu qui a gardé le cachet d’une époque désormais révolue, mais où les traces du passé sont encore bien présentes…Il suffit juste de regarder un peu plus loin que le bout de ses baskets pour savoir où l’on pose ses pieds… 😉
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